PÉTROLE – Le pic a eu lieu, la production va décliner de 3% par an (EWG) Londres (AWP/AFX) – Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 et la production mondiale d’or noir va désormais décliner à un rythme soutenu: le monde doit investir d’urgence dans les énergies renouvelables, a prévenu lundi le groupe scientifique Energy Watch Group, lors d’une conférence à Londres.
Selon ce groupe d’étude, la production de pétrole aurait atteint son pic en 2006 et va dorénavant décliner au rythme de 3% environ par an.
Selon les chiffres publiés par l’EWG, le monde a produit 81 millions de barils par jour (mbj) en 2006. En 2020, il devrait en produire 58 mbj, puis simplement 39 mbj en 2030, une baisse de plus de 50% par rapport aux niveaux actuels. Cette hypothèse baissière contraste avec les projections de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), qui table sur 105 mbj en 2020 (extrapolation de l’EWG à partir d’une projection de l’AIE pour 2015), et 116 mbj en 2030.
Le cabinet fonde ce scénario sur un comptage très pessimiste des réserves fossiles dans le monde. Le cabinet IHS (qui compile les données de l’industrie pétrolière) estime les réserves pétrolières mondiales à 1.255 milliards de barils. Selon EWG, il ne resterait que 854 milliards de barils dans le sous-sol.
L‘écart provient essentiellement du Moyen-Orient: pour l’IHS, les réserves du Moyen-Orient seraient de 677 milliards de barils, tandis que le cabinet EWG les évalue à seulement 362 milliards.
Contrairement aux institutions comme l’AIE, qui fondent leurs calculs sur l’estimation des réserves encore dans le sous-sol, le cabinet EWG s’appuie sur les chiffres de production actuelle. L’estimation de l’EWG tient compte aussi des comportements de l’industrie, notamment les retards observés dans le développement de champs pétroliers.
«C’est grâce à cette méthode de calcul que nous avons pu annoncer sans nous tromper que la production pétrolière en Mer du Nord atteindrait son pic en 2000 et commencerait ensuite à décliner», a rappelé Jörg Schindler, l’auteur du rapport «Oil supply» présenté lundi à Londres. «Le monde doit se préparer à une mutation de fond et miser sur les énergies renouvelables», a-t-il conclu.
En effet, selon Energy Watch Group, seules les énergies renouvelables offrent une alternative durable au pétrole. L’énergie nucléaire et le charbon propre ne sont pas des solutions d’avenir car «il existe déjà une pénurie d’uranium et les technologies permettant d’exploiter du charbon propre n’existent pas encore», a estimé Jörg Schindler.
«Nous sommes face à un déni institutionnel. Les sociétés pétrolières ne peuvent que taire la vérité, sans quoi le cours de leur action risquerait de s’effondrer» a ajouté le député allemand Hans-Joseph Fell, co-fondateur de EWG.
Selon lui, le «pic pétrolier» n’est pas une théorie mais déjà une réalité. Il a établi un parallèle avec le changement climatique : considéré au début des années 1990 comme une prophétie douteuse émanant de scientifiques isolés, le changement climatique est aujourd’hui une réalité dont plus personne ne doute, a-t-il rappelé.
Fondé par Hans-Joseph Fell, Energy Watch Group rassemble des scientifiques, des experts et des parlementaires de plusieurs pays. Son objectif est de produire une information indépendante pour la mise en place de politiques énergétiques durables.
La théorie du «pic pétrolier» est soutenue également par l’Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO), un réseau de scientifiques qui entend démontrer que la production de pétrole est sur le point d’amorcer son déclin, avec à la clé de graves conséquences politiques et économiques. Info réseau freemen…