Toujours une Place…
Toujours une Place…
[…] À Okinawa, que l’on soit mort ou vivant, on a toujours une place. À quelque âge que ce soit. Et si la place ne nous est pas donné, on la prend. La notion de « retraite » est très différente de celle que nous connaissons. Dans nos pays, la retraite est souvent synonyme de déclassement. Du jour au lendemain, une personne dont la vie était occupée et valorisée par une fonction se retrouve « débranchée« . Si elle ne s’est investie dans aucune activité personnelle, culturelle, sociale, et pour peu que sa vie familiale ou affective soit peu satisfaisante, elle risque la déprime. On constate dans nos sociétés que ce passage est devenu en soi un facteur de risque de surpoids : chute de l’activité physique, remplissage stomacal qui cherche à combler les autres vides, de pathologies diverses et d’accélération du vieillissement.
Si pour de nombreux japonais, eux aussi très « instrumentalisés » par les systèmes scolaires et économique, le risque est similaire, c’est rarement le cas à Okinawa où la petite économie des retraités est très dense. Déjà les femmes s’attendent à vivre dix, vingt, trente ans ou plus seules. La plupart d’entre elles n’ont aucune envie de se morfondre dans leur coin. Elles ont toujours été actives et se préparent souvent une activité bien avant de se retrouver isolées et démunies. Une fois veuves, c’est une nouvelle vie qui commence. Elles vont vendre les produits de leur jardin au marché, se lancent dans l’artisanat, ouvrent de petits commerces : restaurant, boutique de fleurs… Et parfois, ce sont les hommes qui se retrouvent seuls. Eux aussi rebondissent et continuent de pêcher à leur rythme, deviennent chauffeurs de taxi ou vont aider leurs enfants dans leur affaire… par ailleurs, 80% des Okinawaïens s’investissent dans des activités : ils jouent de la musique, chantent, se retrouvent sur les terrains de jeu, pratiquent le tai-chi ou les arts martiaux, assistent ceux qui en ont besoin…
Read more »