Â
Monsieur le président,
La semaine prochaine, je ne lirai pas à mes élèves la lettre de Guy Môquet. Je n’ai rien contre cette lettre en particulier, je l’ai souvent étudiée avec mes élèves au milieu d’autres lettres de fusillés, entre autres, celle d’Issak Manouchian, membre du réseau des FTP MOI (Main d’oeuvre immigrée).
Avec ma formation d’historienne, je ne suis pas de celles qui font à la légère le lien entre les périodes les plus sombresde notre histoire et l’actualité, mais puisque vous utilisez la lettre de Guy Môquet à cette fin, alors je me permets de vous informer d’un événement actuel.
Sachez donc, Monsieur le président qu’un de mes collègues, Florimond GUIMARD, instituteur à Marseille, passera en procès le lundi 22 octobre à Aix en Provence pour avoir empêché avec 200 autres l’expulsion d’un père d’élève sans-papier.
Comme un fait exprès, l’obligation de lire cette lettre et le procès de Florimond GUIMARD interviennent la même semaine. Ironie de l’Histoire qui vous fait un pied de nez. Ironie de l’Histoire qui me permettra d’expliquer à mes élèves le devoir de résistance.
Ainsi je pense qu’être « digne des 27 de Chateaubriand » aujourd’hui , c’est entre autre, résister à la traque scélérate des sans-papiers que votre police est poussée à faire tous le jours afin de « faire du chiffre ». Etre « digne des 27 de Chateaubriand » c’est savoir ne pas accepter une politique de bouc-émissaires.
C‘est pour ces raisons que lundi prochain je serai en grève , dans le respect de la mémoire des résistants et en guise d’hommage.
Emmanuelle JOHSUA.
Professeur au lycée professionnel de l’Estaque. Marseille. [… Et moi de conclure : Vive la république, vive la France !]