Brian de Palma et sa Petite BOMBE Contre la Guerre en Irak
Le pouvoir de l’image, ses filtres, ses chausse-trapes… S’il est un maître en la matière, un obsédé du double et du voyeurisme, c’est bien le cinéaste américain Brian de Palma, qui interroge depuis plus de 30 ans ce que l’on voit et ce que l’on cache au travers de fictions majeures (Carrie, Body double, Blow out, Scarface, L’impasse, etc).
Le pouvoir de l’image – médiatisée, en l’occurrence – c’est précisément le thème de Redacted, son nouvel opus, en salles demain. Impressionnant objet filmique qui, d’images de vidéosurveillance en témoignages en ligne, de journaux intimes vidéo en vrai-faux documentaire tente, à travers une histoire fictive, de montrer (et démonter) le « vrai mensonge » qu’est la guerre en Irak. Autant dire… une bombe.
– Quand avez-vous décidé que faire un film sur la guerre en Irak était impératif pour vous ?
Brian de Palma : C’est une suite d’événements, en fait. J’ai été dérangé par l’invasion en Irak, d’abord. Puis, au festival du film de Toronto, on m’a proposé de réaliser un long métrage en vidéo haute définition. Au moment où je me demandais quelle genre d’histoire pouvait être abordée avec ce procédé, j’ai entendu parler du viol de cette adolescente irakienne par des soldats de l’armée américaine, et du massacre de sa famille. J’ai eu l’impression, alors, que nous étions en train de répéter les erreurs commises au Vietnam. Je suis allé sur internet, et j’ai vu que c’était le meilleur moyen de raconter cette histoire aujourd’hui.
– Parce que c’est là que se trouve la vérité, plutôt que dans les images montrées aux journaux télévisés ?
B. P. : Tout est filtré dans les médias américains. La télé est contrôlée par Wall street, depuis que les journalistes se sont rendus compte que les images faisaient de l’argent. En plus, nous vivons dans un monde de téléréalité, où l’on est supposé croire tout ce que l’on voit.
Spécialement aux Etats-Unis où l’on vit dans une bulle. Moi, ce que j’essaie, c’est de faire prendre conscience que ce que l’on voit à la télé n’est pas forcément la réalité. Je montre que l’information peut venir de l’extérieur. Par exemple, si vous allez sur internet et que vous tapez les mots « guerre-Irak-images » sur Google, vous découvrirez des photos extrêmement tristes que vous n’avez jamais vues dans la presse. Lire la suite…